Le président demande instamment de mettre fin à des manifestations qui durent plusieurs semaines, déclenchant une nouvelle vague de manifestations au cours desquelles un homme est abattu par l'armée.

Des manifestants agitent des drapeaux libanais alors qu'ils bloquent l'autoroute du Ring Bridge lors d'une manifestation à Beyrouth [Nabil Mounzer / EPA]

Les tensions ont éclaté au Liban après que le président Michel Aoun a exhorté les manifestants à rentrer chez eux, provoquant une nouvelle vague de manifestations au cours desquelles un soldat a tiré sur un homme qui a ouvert le feu pour disperser les personnes bloquant les routes au sud de la capitale, Beyrouth.

La fusillade à Khaldeh mardi était la première du genre depuis presque un mois de manifestations de masse réclamant une refonte du système politique libanais et le départ de l'élite dirigeante face à une grave crise économique.

L'homme qui a été tué était un membre du Parti socialiste progressiste dirigé par Walid Jumblatt, un chef druze. Joumblatt a exhorté ses partisans à rester calmes lors d'une visite à l'hôpital où l'homme avait été emmené.

La victime "a succombé à ses blessures" à l'hôpital, a rapporté l'agence de presse nationale.

L’armée a déclaré dans un communiqué qu’un soldat avait ouvert le feu pour disperser les manifestants qui bloquaient une route à Khaldeh, blessant une personne. Le soldat avait été arrêté et l'incident faisait l'objet d'une enquête.

Aoun dit qu'aucune avancée n'a été réalisée

L'escalade est survenue après qu'Aoun ait déclaré dans une interview à la télévision qu'il n'y avait eu aucune avancée décisive dans les discussions sur la formation d'un nouveau gouvernement pour remplacer le cabinet de coalition du Premier ministre Saad Hariri.

Hariri, qui a démissionné le 29 octobre en réponse aux énormes manifestations, a hésité à redevenir Premier ministre, a-t-il déclaré.

Aoun a également déclaré qu'un gouvernement purement technocratique, comme le réclamaient de nombreux mouvements de protestation sans dirigeant, ne serait pas en mesure de gouverner le Liban et qu'il devrait donc inclure des politiciens.

S'adressant aux manifestants, il a déclaré: "Si vous continuez dans cette voie, vous frapperez le Liban et vos intérêts.

"Nous travaillons jour et nuit pour mettre de l'ordre dans la situation. S'ils continuent, il y a une catastrophe. S'ils s'arrêtent, il y a encore de la place pour (nous) pour arranger les choses", a-t-il déclaré.

Quand on lui a demandé s'il faisait face à des pressions extérieures au Liban pour qu'il n'inclue pas le Hezbollah - un puissant groupe chiite soutenu par l'Iran - dans un nouveau gouvernement, il ne l'a pas nié.

Mais, il a déclaré: "Ils ne peuvent pas me forcer à me débarrasser d'un parti qui représente au moins un tiers des Libanais".

Alors que l'interview d'Aoun se terminait, les manifestants ont bloqué plusieurs routes principales à travers le Liban, certaines avec des pneus en feu.

Dans le quartier de Cola, près de Beyrouth, des dizaines d'hommes ont lancé des pierres sur des soldats et un char.

Linda Boulos Mikari, qui a manifesté sur une route au nord de la capitale, a déclaré que l'entretien d'Aoun l'avait ramenée dans la rue.

"Nous en avons assez que les autorités agissent toujours comme si nous ne faisions rien. La présidente se présente et nous parle comme si nous étions des enfants, 'rentrez chez vous'. Respectez-nous un peu", a-t-elle déclaré à l'agence de presse Reuters.

Stefanie Dekker d'Al Jazeera, rapportant le lieu de la fusillade à Khaldeh, a déclaré que les manifestants étaient en colère contre le discours d'Aoun, l'appelant "détaché, provocateur, [et] arrogant".

"Ils sont de retour sur les routes, essayant de les bloquer afin de maintenir la pression sur le gouvernement", a-t-elle déclaré. "Le message du président d'hier soir était bien plus provocant que nous ne l'avions entendu auparavant."

Source: aljazeera.com