posté le 06-09-2013 à 18:42:17

Science et Religion

Conférence improvisée
Omraam Mikhaël Aïvanhov (1900-1986)

 

Depuis des siècles, en Occident, on assiste aux combats que ne cessent de se livrer la religion et la science. Pendant longtemps la religion a été assez puissante pour remporter la victoire; c'est elle qui dictait sa loi, au point de condamner certaines découvertes sous prétexte qu'elles contredisaient les textes bibliques ou les dogmes de l'Église. Et l'audacieux qui osait, par exemple, mettre en doute que Dieu a crée le monde en six jours ou prétendre que la terre tourne autour du soleil, risquait le bûcher. Puis, peu à peu, la situation s'est inversée : au fur et à mesure de ses progrès, la science a pris le dessus et elle s'est vengée jusqu'à en arriver à ridiculiser la religion qui a été obligée de battre en retraite. Maintenant tout le monde reconnaît que la religion a perdu de son influence ; certains évidemment le regrettent, tandis que d'autres s'en réjouissent. Mais regretter ou se réjouir, ce n'est pas cela qui répondra aux questions qui tourmentent les humains.

Pour simplifier, disons que la science concerne le monde visible, et la religion le monde invisible ; l'incompréhension qui existe entre les hommes de science et les hommes de foi vient de ce que les uns fondent leurs certitudes sur une réalité visible, objective, et les autres sur une réalité invisible, subjective. Mais les uns et les autres ont un point de vue incomplet, parce que chacun de sont côté a tendance à privilégier un aspect au détriment de l'autre.

L'univers est une unité que nous pouvons saisir de l'extérieur par la science et de l'intérieur par la religion, parce que l'être humain est lui-même une unité qui a la faculté de vivre en même temps dans le monde objectif et dans le monde subjectif. Science et religion ne doivent donc pas se combattre, mais se compléter. D'ailleurs, ce n'est jamais la science qui combat la religion ou inversement : ce sont les scientifiques et les religieux qui s'affrontent, parce qu'ils ne possèdent qu'une partie du savoir.

Pas plus que la religion n'a pu anéantir la science, la science ne pourra anéantir la religion, car elles sont fondées sur des lois identiques. Il n'existe entre elles ni séparation ni contradiction. Les séparations et les contradictions n'existent que dans la tête des ignorants qui ne savent pas comment Dieu a créé l'univers. La science bien comprise ne peut qu'aider les croyants à se concentrer sur l'essentiel, et la religion, bien comprise aussi, donne sa véritable dimension à la science. Chacune a une fonction, et elles doivent s'entraider, non se mépriser, se rejeter et chercher à se détruire. De toute façon elles n'y arriveront pas. Ces affrontements ne sont que des entreprises stériles et du temps perdu. Désormais, il doit y avoir dans chaque être un religieux et un savant. Oui, pour que la religion et la science ne se combattent pas dans la société, elles doivent cesser de se combattre dans l'être humain. Car c'est là que se produisent les plus grands dégâts. Lorsqu'un homme de foi s'oppose à un homme de science - ou inversement - il pense s'attaquer à un adversaire extérieur à lui. Mais pas du tout, c'est à lui-même qu'il s'attaque!

Les incroyant se font de la religion un idée erronée ; d'ailleurs, même les croyants dans leur majorité n'en ont pas un idée exacte, puisqu'ils la limitent le plus souvent à un ensemble de dogmes et de rites. En réalité, la religion est d'abord un science fondée sur la connaissance de l'être humain tel qu'il a été crée à l'image de Dieu. On peut donc dire que les fondements de la religion sont inscrits dans l'être humain lui-même. En créant l'homme, Dieu a imprimé son sceau en lui, et quoi qu'il fasse, il ne peut s'en libérer, c'est une empreinte inscrite dans sa structure. De ce point de vue-là, l'homme n'est absolument pas libre, il ne peut échapper à cette empreinte, à ce schéma à partir duquel tout son être est construit. En revanche, la plus grande liberté lui a été donnée pour manifester cette prédestination divine qu'il porte en lui. C'est ainsi que s'explique la diversité des religions qui, suivant les époques et les lieux, ont pris les formes les plus variées et les plus riches.

Un scientifique vous dira qu'il n'admet comme vrai et digne d'intérêt que ce qu'il a pu observer, calculer, mesurer, peser, compararer, classer ; tout le reste est douteux et doit être laissé de coté. Très bien, mais cela réduit énormémment son champ de conscience. Car les deux-tiers (disons deux-tiers) de l'existence humaine sont occupés à des activités que personne ne pèse, ni ne mesure. Eh oui, les deux-tiers du temps, on vit, c'est tout. Et si cette vie ne mérite ni attention ni intérêt, on se demande pourquoi un scientifique continue à vivre. Il respire, il mange, il boit, il dort, il marche, il a des pensées, des sentiments, des sensations, des désirs, il rencontre des gens, il parle avec eux, il les embrasse même, et tout cela il ne se demande pas s'il le fait scientifiquement. Comme accepte-il de vivre une vie en grande partie non scientifique? Il devrait refuser!

En valorisant une vision scientifique du monde qui met à la première place l'exploration de la nature, donc l'étude du monde physique, un monde qui est extérieur à eux ou qui n'est que l'enveloppe matérielle de leur moi profond, les humains s'éparpillent à la périphérie de leur être. Ils ne se rendent pas compte qu'ils sont en train de perdre leur centre, ce point-là qui non seulement les tient en équilibre, mais les relie à la Source de la vie universelle. Il ne leur est évidemment pas interdit de considérer l'univers comme un immense champ d'investigations et d'expérience que le Créateur a mis à leur disposition. Mais ce n'est pas en se jetant à corps perdu dans la physique, la chimie, la biologie, la zoologie, l'astonomie,etc.., qu'ils goûteront la saveur de la vie divine. Pendant qu'ils sont tellement occupés à sarifaire toutes leurs curiosités, le temps passe, leur vie s'en va et ils s'affaiblissent.

Quelles que soient les possibilités qui s'offrent aux scientifiques d'explorer et d'exploiter la matière, après une période d'émerveillement que leur donneront leurs découvertes, ils commenceront à sentir un vide au-dedans. Car rien de ce que l'intellect peut toucher, embrasser, comprendre, n'est capable de nous combler. C'est seulement l'immensité, le mystérieux, l'invisible, l'impalpable, tout ce qu'on ne connaît pas, qui peut combler et remplir l'âme humaine. Elle est là, la vraie science.

La vraie science n'est pas le produit des acquisitions de l'intellect, elle est un savoir concernant l'être humain, sa structure psychique et spirituelle, ses corps subtils, ses aspirations les plus élevées ainsi que ses liens avec tout l'univers. On n'a pas à rejeter des phénomènes sous prétexte qu'ils n'entrent pas dans la catégotie de ce qui peut s'observer et se calculer. La vie spirituelle est considérée comme un phénomène non scientifique. Admettons. Mais si vous voulez rester toujours insatisfait et dans le vide, occupez-vous seulement de ce qui est considéré comme «scientifique».

Au fur et à mesure de ses progrès, la science a cru qu'elle pourrait tout expliquer et apporter toutes les solutions aux problèmes de l'humanité. Elle a apporté en effet de grandes améliorations dans de nombreux domaines, mais on ne peut pas dire qu'elle ait amélioré en profondeur la condition humaine, parce qu'elle ne touche que le monde physique et un peu le monde psychique ; elle ne touche pas l'âme et l'esprit, ce qui est normal, ce n'est pas son domaine. Grâce à des appareils extrêmement perfectionnés, elle a fait en peu de temps des découvertes inouïes aussi bien dans le domaine de l'infiniment grand que dans celui de l'infiniment petit, et ces découvertes ont donné à certains l'illusion qu'elle pourrait supplanter la religion. Mais que des astronautes parcourent un espace cosmique dont pendant des millénaires les humains ont fait la demeure de Dieu, que des physiciens arrivent à percer les secrets de la matière, que des biologistes acquièrent de plus en plus de pouvoir sur la vie, cela ne suffit pas pour que l'homme puisse se croire l'égal de Dieu, déclarer qu' Il n'existe pas, ou qu' Il est mort, et que la Création n'est que le produit du hasard.

Tous ces philosophes et ces scientifiques qui pensent que l'univers et l'homme sont le produit du hasard, je les mets dans le même panier que les croyants qui attendent une récolte alors qu'ils n'ont pas semé. Oui, dans les deux cas, c'est la même erreur ; dans le premier, il s'agit de conséquences sans causes, et dans le deuxième, d'une création sans auteur. Ce n'est pas la peine que des gens soi-disant intelligents et savants se moquent de la naïveté des croyants : leurs convictions sont tout aussi ridicules.

Pas plus que la religion n'a pu s'opposer au développement de la science, la science, quels que soient ses progrès, ne pourra supplanter ni détruire la religion. Il existe un lien entre ces deux attitudes et chacune doit contribuer à mettre en valeur, à éclairer l'autre. Ceux qui essaient de les séparer ou de les opposer commettent une erreur. Le Seigneur ne peut pas avoir introduit dans l'univers qu'Il a créé et dans l'homme qu'Il a fait à sont image deux réalités incompatibles. Mais pour arriver à cette compréhension des choses, il faut réaliser certains ajustements intérieurs.

On entend fréquement certaines personnalités s'indigner de ce qu'au XXe siècle, les humains ne soient pas encore débarassés de croyances qualifiées d'irrationnelles. Et même, on est obligé de constater qu'après un période de matérialisme, de scientisme, de plus en plus de gens se tournent à nouveau vers la religion, la spiritualité, le mysticisme, et cette tendance prend parfois des formes tout à fait confuses et insensées. Même les autorités religieuses s'en émeuvent, parce qu'elles se sentent dépassées par ces nouveaux courants qu'elles n'arrivent pas à maîtriser. Eh bien, la responsabilité de cette situation en revient aux religieux eux-mêmes, qui étaient plus préoccupés d'étendre la domination de l'Église que de répondre aux véritables besoins des âmes et des esprits, mais également aux scientifiques et à leurs philosophies matérialistes. Alors, que les uns et les autres cessent de se lamenter sur une situation qu'ils ont eux-mêmes contribué à créer, et qu'ils essaient plutôt de voir ensemble comme ils peuvent y remédier.

L'être humain ne peut s'épanouir que dans l'immensité, l'infini. Tout ce qui est déjà visible, déterminé, mesuré, classé, même s'il trouve que c'est utile, intéressant, indispensable, il finira par sentir que cela ne satisfait qu'une partie de lui-même, c'est insuffisant pour remplir sont existence. Pourquoi les enfants aiment-ils tellement les contes? Et pourquoi les adultes aussi dans leur majorité se réfugient-ils, dès qu'ils le peuvent, dans des mondes étranges, le fantastique, l'irrationnel? Parce que c'est un besoin inné de l'être humain : il a été créé pour vivre dans les deux mondes, objectif et subjectif, matériel et spirituel, visible et invisible ; il possède donc les capacités pour entrer en relation avec ces deux mondes et il a besoin des deux. Seulement, il ne faut pas confondre : la réalité que l'on perçoit grâce aux cinq sens n'est pas celle que l'on perçoit grâce aux sens du monde spirituel ; ce sont deux mondes différents et leur connaissance nécessite des instruments différents.

Les scientifiques doivent se contenter d'étudier, d'observer et de donner les résultats de leur observations, c'est tout. Sur la vie psychique de l'homme, sa vie morale, spirituelle, ils n'ont pas à se prononcer, il y a une frontière qu'ils ne peuvent pas franchir ; avec les moyens dont ils disposent, il ne leur est pas permis de remplacer la religion par la science, et encore moins de la détruire. Ce qu'ils peuvent détruire, ce sont les fausses croyance, et c'est une bonne chose. La vraie religion n'a pas besoin de s'encombrer d'erreurs et de superstitions, et la vraie science ne peut pas nuire à la vrai religion : Dieu ne sera pas offensé si vous ne croyez pas qu'Il ait crée le monde en six jours, et Il sera d'autant moins offensé qu'en réalité Il ne s'arrête jamais de créer...

Mais vouloir combattre la religion au nom de l'objectivité et de la raison, c'est un entreprise vouée à l'échec. On ne peut pas plus supprimer le sentiment religieux qu'on ne peut supprimer les autres sentiments. Là encore, il y a un domaine où la seule raison n'a pas sa place, parce que, je le répète, le sens du sacré, le besoin de se sentir relié à ce monde divin dans lequel il a son origine, est inscrit dans la structure de l'être humain. On ne peut essayer de le nier, d'en extirper les racines ; même s'il semble un moment qu'on y réussisse, ces succès ne dureront pas, et on sera obligé de constater tous les dégâts qu'une telle entreprise aura produits, non seulement sur les individus, mais dans la société.

Et d'ailleurs, tous ces gens qui prônent l'objectivité et la raison, ont-ils seulement réussi à les introduire dans leur vie? Regardez-les : ils se débattent au milieu d'angoisses, de peurs, de colères, de jalousies et de toutes sortes de passions incontrôlées. Où sont, là, l'objectivité et la raison?... Mais tous ces sentiments inférieurs, ils les acceptent, ils les trouvent même naturels. Tandis que les sentiments supérieurs que peut inspirer la foi en une Entité sublime qui a crée le ciel et la terre, la confiance, la reconnaissance, l'amour, l'adoration pour cet Être, ils les trouvent ridicules. Comme l'intellect, la raison est très utile quand il s'agit de mettre un peu d'ordre dans le domaine du sentiment ; disons qu'elle doit faire le ménage, oui, mais seulement le ménage, pas le vide. Quand vous faites le ménage chez vous, vous déplacez les meubles et les objets pour pouvoir passer l'aspirateur, enlever la poussière, puis vous les remettez à leur place, vous ne les jetez pas par la fenêtre. Alors, en vous aussi, si la raison doit faire le ménage, ce n'est pas pour débarrasser du vrai sentiment religieux, mais pour qu'un fois rejetées les fausses croyances, il apparaisse dans toute sa splendeur.

Des théories matérialistes peuvent arriver pour un moment à séduire les gens au point de les couper de l'immensité, mais cela ne peut être que passager. Que cela plaise ou non à tous ces «grands penseurs», le Créateur a construit l'être humain de telle sorte qu'il lui est impossible de se passer de Lui. S'il croit pouvoir le faire, il n'y réussira que pour un certain temps ; très vite après il se sentira mutilé et sera obligé de revenir vers une autre compréhension du monde et de lui-même. Alors, il est inutile de perdre son temps à s'indigner et à fulminer contre des gens incorrigibles qui ont besoin de croire à un Créateur de l'univers, à des mondes invisibles peuplés d'entités spirituelles, à une vie après la mort, au pouvoir de la prière : ils resteront incorrigibles. Parce qu'ils touchent là la réalité de l'homme et de l'univers, et contre cette réalité personne ne peut rien.

Qu'en sait-on de l'être humain? Il a fallu de millénaires pour arriver à connaître son corps physique, et il n'est même pas sûr qu'on ait réellement tout découvert. Quant à sont être psychique, spirituel, à l'exception des Initiés ou des mystiques, on n'en connaît presque rien. Vous direz: «Mais les psychologues, les psychanalystes, les psychiatres ont, eux, une grande connaissance du psychisme humain!» Sans vouloir mettre en doute leur savoir, je remarque que leur métier consiste à s'occuper de malades. C'est très bien, mais moi je pose la question autrement: ne vaudrait-il pas mieux donner aux humain un savoir qui leur permettrait de vaincre leurs angoisses et leurs tourments avant que leur état ne les oblige à consulter un psychiatre? S'ils recevaient un vrai savoir, ils ne seraient pas obligés d'aller consulter qui que ce soit.

Mais qui s'occupe de donner aux humains un savoir qui leur permettrait de se développer de façon harmonieuse, pour faire face aux difficultés intérieures et extérieures qu'ils peuvent rencontrer? On attend qu'ils soient malades pour intervenir. C'est quand ils ne savent déjà plus où ils en sont, qu'ils sont prêts à se suicider ou ont déjà tenté de le faire, qu'on les rassure en leur disant qu'on va les aider à retrouver la paix, l'équilibre et le sens de la vie. Et en attendant, on les gave de médicaments! Évidemment, quand les choses en sont arrivées à ce point de gravité, il n'y a rien d'autre à faire. Mais jusqu'à quand va-t-on attendre que les gens soient malades pour s'occuper d'eux? Vous direz: «Mais c'est cela, la science!» Non, c'est seulement quelques bribes de connaissances. La science, la vraie, c'est tout autre chose.

 

Il n'y aura de vraie science que le jour où la science et la religion se décideront à travailler ensemble pour étudier ces centres - ces organes, ces appareils, appelez-les comme vous voulez - grâce auxquels l'homme peut entrer en relation avec le monde spirituel, le monde divin. Comment peut-on imaginer que le Créateur, qui a doté l'homme de tous les outils nécessaires pour vivre et agir dans le monde physique, l'ait laissé démuni pour vivre et agir dans le monde spirituel? Seulement, pour mettre les scientifiques sur cette voie, il faudrait d'abord que le clergé ne se contente plus de présenter la religion comme un ensemble de prescriptions dont on ne connaît même pas clairement les fondements.

 

Il ne suffit pas que la somptuosité des églises et des cathédrales, l'éclat des offices religieux, la beauté des prières et des chants éveillent certaines émotions dans les âmes. Les humains ont besoin de quelque chose de plus précis que des émotions, des sensations, car les émotions et les sensations sont passagères, elles ne donnent pas un fondement solide à leur existence. Même les croyants finissant par douter: ils ne cherchent pas à aller au-delà des notions superficielles dont les gens pouvaient se contenter dans les siècles passés parce qu'ils n'avaient pas les exigences de compréhension qu'on a de nos jours. Alors, ces «croyants», tout en continuant à croire qu'ils croient, en réalité ils doutent. Maintenant, pour croire vraiment, les humains ont besoin de savoir, de comprendre. L'époque est révolue où l'on enseignait aux fidèles que le critère de la vraie foi, c'est d'accepter des révélations qu'on ne comprend pas. Ils ne veulent plus entendre parler des «mystères de la foi». De plus en plus ils vont se débarrasser de ces notions qu'ils considèrent comme un esclavage, un obstacle à leur épanouissement.

 

Les progrès que l'humanité a faits sur le plan des connaissances scientifiques entraînent nécessairement un autre point de vue sur la religion et, par voie de conséquence, sur la morale. Et il faut maintenant faire comprendre aux humains que la religion, comme la morale, sont fondées sur des lois aussi réelles et vérifiables que celles du monde physique. Car de même que l'univers créé par Dieu repose sur des lois, l'être humain créé par Dieu possède un organisme physique et un organisme psychique régis également par des lois. Vous savez tous par expérience combien il est facile de démolir sa santé. Certains diront: «Oui, mais la médecine a fait tellement de progrès!» La médecine fait beaucoup de progrès, c'est vrai, mais malgré ces progrès, si l'être humain ne s'instruit pas dans la science de la vie, la médecine restera impuissante. Pendant qu'elle s'efforcera de guérir certaines maladies, les désordres qu'il continuera à produire dans son organisme en feront apparaître de nouvelles.

 

Vous percez une balle de caoutchouc: il s'y forme un creux. Vous avez beau essayer d'y remédier, le creux ira toujours se reformer ailleurs. Donc, je peux vous dire que même si la médecine a fait d'immenses progrès et continue à en faire de plus grands encore, cela ne donnera pas aux humains la faculté de vivre selon leur bon plaisir. Et aucun psychologue, aucun psychiatre ou psychanalyste n'arrivera non plus à redonner l'équilibre à quelqu'un qui transgresse les lois du monde moral et spirituel.

Tous les progrès scientifiques, dans quelque domaine que ce soit, n'ont été possibles que parce que les humains ont découvert que le monde physique obéit à des lois, des milliers de lois. Et on voudrait que le monde psychique soit le lieu de la plus grande confusion, de la plus grande anarchie? Aucune loi à connaître, aucune règle à respecter?... Eh bien, non, ce n'est pas possible. Si par sa légèreté, son inconscience, l'homme dérègle cet extraordinaire mécanisme qu'est son organisme psychique, il produit des dégâts irréparables. Rien n'est stable ni fiable quand on ne respecte pas les lois, parce que ce sont les lois qui constituent la charpente de l'univers, la charpente de l'univers psychique comme celle de l'univers physique. La plus grande erreur est de ne pas reconnaître ces lois. On fait comme si elles étaient une invention humaine, donc comme si elle reposaient sur des fondements arbitraires, discutables, et pouvaient facilement être transgressées. Eh non! Et j'ajouterai encore que notre compréhension des choses dépend de la vie que nous menons. On ne doit jamais séparer la connaissance de la façon de vivre. Seule une vie harmonieuse, en accord avec les lois cosmiques, peut favoriser la vraie connaissance.

La religion a pour fondement les lois qui régissent la vie psychique de l'homme ; c'est pourquoi les scientifiques doivent reconnaître son territoire en comprenant qu'il existe une science de la vie spirituelle, puisque la vie spirituelle repose sur des lois. Je les invite donc tous à élargir leur champ d'investigation. Ils découvriront peu à peu que leurs propres découvertes ne font que souligner la véracité de l'enseignement des Initiés. Sinon, quels que soient les progrès des sciences, ces progrès les laisseront toujours insatisfaits, car ils leur restent extérieurs : ils leur donnent les moyens d'agir sur la matière, mais on peut avoir tous les moyens d'agir sur la matière, mais on peut avoir tous les moyens d'agir sur la matière et se sentir dans le vide, car les découvertes scientifiques et techniques ne nourrissent pas l'âme et l'esprit.

Le travail spirituel est une entreprise de longue haleine, mais celui qui se lance dans ce travail se lie chaque jour au monde des principes, il découvre un sens et c'est ce sens qui lui donne la foi. La foi, et aussi la paix. Peut-être tout cela ne peut-il s'expliquer par des mots, car c'est une réalité d'un autre dimension ; mais celui qui fait cette expérience ne peut pas douter de ce qu'il ressent. Une personne très modeste, très simple, pas tellement instruite, peut grâce à sa recherche intérieure en savoir davantage sur la vie que les plus grands savants. C'est pourquoi les scientifiques devraient faire preuve d'un peu plus de retenue et de modestie. Le Créateur ne leur a pas donné le privilège du savoir. Ils peuvent maîtriser la matière, mais ils ne maîtrisent pas la vie, car la vie ne se découvre pas au bout de quelques appareils, mais à l'intérieur de soi.

Vous pouvez voyager sur les autres planètes et être intérieurement aussi terre à terre que si vous n'étiez jamais sorti de votre trou. C'est une question d'état de conscience. À quoi sert-il de découvrir l'univers si on reste intérieurement aussi limité que celui qui n'a jamais mis le nez hors de son petit patelin? L'astronaute dans sa navette parcourt l'espace, mais le berger qui garde son troupeau dans la montagne et qui contemple le ciel étoilé dans le silence de la nuit en sait peut-être plus que lui sur l'immensité.

Et maintenant, si vous ripostez: «Oh, ce n'est pas scientifique», eh bien, vous faites erreur. Il n'y a rien de plus scientifique que ce que je viens de vous dire, ni de plus efficace. Seulement il s'agit d'une science différente, et qui dépasse toutes les autres. Vous ne me croyez pas?... Comme vous voudrez. Je ne vous demande pas de me croire, mais seulement des faire des expériences. Puisque vous vous prétendez scientifiques, eh bien, adoptez au moins une conduite scientifique, c'est-à-dire, faites d'abord des essais, et prononcez-vous ensuite. Un scientifique ne commence pas par avoir des certitudes, il fait des expériences et il attend tout le temps nécessaire avant de tirer des conclusions. Alors, si sans faire aucune expérience vous vous contentez de déclarer que vous ne me croyez pas, où faut-il vous classer?


Omraam Mikhaël Aïvanhov
La foi qui transporte les montagnes
© Éditions Prosveta - www.prosveta.com

                                             

                                                                

 

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