Les procureurs de la Cour pénale internationale (CPI) vont faire appel de l'acquittement retentissant de l'ancien président ivoirien Laurent Gbagbo, ont-ils écrit dans un document de la Cour consulté mercredi par l'AFP. Dans une "requête urgente", l'accusation "a déterminé son intention de faire appel de la décision" d'acquittement de Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé, ex-chef du mouvement des Jeunes patriotes. M. Gbagbo et M. Blé Goudé, qui étaient accusés de crimes contre l'humanité, ont été acquittés mardi par les juges de la Cour, qui ont ordonné leur mise en liberté immédiate. Cette mise en liberté a toutefois été suspendue dans l'attente d'une audience qui a débuté ce mercredi à 10h00 (09h00 GMT) à La Haye, au cours de laquelle les procureurs pourront faire part de leurs objections. Dans leur requête, les procureurs affirment qu'il existe des "raisons exceptionnelles" de s'opposer à la libération inconditionnelle de M. Gbagbo, évoquant un "risque concret" que ce dernier disparaisse dans l'éventualité où le procès se poursuivrait. Ils ont cependant déclaré qu'ils accepteraient une remise en liberté dans un pays membre de la CPI - excepté la Côte d'Ivoire - "si le risque de fuite peut être atténué en imposant une série de conditions". Premier ancien chef d'État à avoir été remis à la CPI, M. Gbagbo était jugé pour des crimes commis pendant la crise post-électorale de 2010-2011, née de son refus de céder le pouvoir à son rival, l'actuel président ivoirien Alassane Ouattara. Les violences ont fait plus de 3.000 morts en cinq mois. Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé étaient accusés de quatre chefs de crimes contre l'humanité: meurtres, viols, persécutions et autres actes inhumains, pour lesquels ils ont toujours plaidé non coupable.

La Jeunesse du Rassemblement pour la paix, le progrès et le partage (Rpp) de Laurent Dona Fologo a décidé de mettre le pied dans le plat. En tournée de remobilisation des troupes, le week-end dernier, à Bouaké (centre de la Côte d’Ivoire), Kané Soumaïla, secrétaire national chargé de la Promotion de la jeunesse à la direction provisoire du Rppp, a appelé Alassane Ouattara à ne pas envoyer Charles Blé Goudé au siège de la Cpi à La Haye. La Cpi a annoncé, le 1er octobre dernier, avoir émis un mandat d’arrêt contre Charles Blé Goudé, leader de la galaxie patriotique durant la crise armée ivoirienne débutée le 19 septembre 2002 par une rébellion armée lancée par Guillaume Soro et de nombreux militaires et civils proches du Rdr, le parti d’Alassane Ouattara. Kané Soumaïla a clairement proposé «au président de la République de ne plus jamais envoyer un Ivoirien là-bas (Cpi à la Haye, ndlr)». «De la manière dont il a refusé de livrer Simone Gbagbo, qu’il fasse la même chose pour Charles Blé Goudé», a-t-il poursuivi. Abordant d’autres questions de l’actualité ivoirienne, le secrétaire national chargé de la Promotion de la jeunesse à la direction provisoire du Rpp a plaidé pour une loi d’amnistie pour les prisonniers et les exilés sur lesquels pèse un mandat d’arrêt. Cela ne signifie pas, selon lui, la promotion de «l’impunité». A ce stade de son propos, l’émissaire du Rpp a réclamé, dans le cadre d’une loi d’amnistie, le retour en Côte d’Ivoire d’ici mi-novembre prochain de Ouattara Gnonzié, secrétaire général du Rpp, en exil au Ghana. Sinon «nous irons nous-mêmes chercher tous nos exilés au Ghana et les ramener en Côte d’Ivoire», a-t-il averti. Kané Soumaïla, qui était face aux militants de son parti, a dit agir au nom de la Conférence des présidents de coordinations et secrétaires généraux du Rpp. «C’est un regroupement de toutes les structures pour dire non à la disparition de notre parti», a-t-il indiqué. Pour lui, le Rpp s’est fixé pour mission de créer une nouvelle mentalité en Côte d’Ivoire afin de promouvoir des Ivoiriens nouveaux. «L’Ivoirien nouveau, c’est l’Ivoirien qui existait avant la crise. Qu’on n’identifiait pas à travers son parti politique. Nous voulons une Côte d’Ivoire de paix», a encore relevé Kané Soumaïla. A l’opposition, il a fait remarquer que jamais Laurent Dona Fologo ne la trahira. «Quand on invite le président Fologo et qu’il part, on le traite de tous les noms. Mais ce n’est pas Alassane Ouattara qu’il va écouter, c’est le président de la République qu’il va écouter », a-t-il précisé. Avant lui, Ouattara Venance, coordonateur régional du Rpp à Bouaké, a fait savoir que ses militants étaient prêts pour les batailles futures.

La question vaut d’être posée. Pourquoi le mandat d’arrêt lancé contre Charles Blé Goudé en décembre 2011 par la Cour pénale internationale (CPI) n’a-t-il été rendu public que le mardi 1er octobre 2013 ? Certes, lors de son arrestation le jeudi 17 janvier 2013 à Téma, au Ghana, et de son transfert au Bureau national des investigations (BNI) à Accra, on avait déjà évoqué ce mandat d’arrêt (le dossier est suivi par les procureurs Fatou Bensouda et Eric MacDonald).

Alors que le président et le vice-président du pays comparaissent devant la juridiction internationale, une majorité de députés vient de voter pour que leur pays se retire de cette instance.