posté le 23-05-2020 à 21:35:55

L’histoire secrète du génocide camerounais par la France

« Kamerun ! Une guerre cachée aux origines de la Françafrique  », Thomas Deltombe, Manuel Domergue, Jacob Tatsitsa. Edition La Découverte. Paris décembre 2010

Ils sont trois : deux Français et un Camerounais. A trois, ils ont signé l’ouvrage « Kamerun ! Une guerre cachée aux origines de la Françafrique  ». Il s’agit d’un livre de 741 pages qui sera à coup sûr considéré dans les années à venir comme un document de référence sur l’histoire des luttes nationalistes de libération du Cameroun. Le travail en tout cas est d’une scientificité irréfutable, au regard de la méthodologie de recherche et des sources historiques qui ont été adoptées par les auteurs sur un sujet qui peut fâcher. A ce propos dans l’introduction on peut lire ceci : « Toute enquête sur la décolonisation du Cameroun ressemble à jeu de piste. Elle se perd dans les couloirs obscurs de l’Histoire, que trop de gens ont voulu obstruer et où d’autres cherchent à l’aveugle d’improbables raccourcis. Si la guerre au Cameroun est à ce point méconnue aujourd’hui en France, c’est d’abord qu’elle a reçu très peu de publicité à l’époque  où elle se déroulait. »

La dynamique d’investigation des journalistes français Thomas Deltombe et Manuel Domergue, allié à la rigueur dans la méthodologie de la recherche en science humaine de l’historien camerounais Jacob Tatsitsa, aura donc permis d’avoir cette précieuse mine qu’est l’ouvrage « Kamerun ! Une guerre cachée aux origines de la Françafrique  ». L’immensité du travail se déploie sur quatre grands chapitres qui sont en fait un ensemble de regroupements de sous chapitres thématiques. Tout commence ainsi par une introduction longue de 26 pages. On trouve d’entrée de jeu le témoignage post-mortem de Jean Lamberton. Ce général français mort en 2004, est considéré au regard de son propre témoignage, comme étant le principal bras actif des massacres des nationalistes camerounais entre 1948 et 1971. C’est lui qui, comme on le lit dans l’introduction de cet ouvrage, était chargé respectivement par les hauts commissaires Pierre Messmer et Roland Pré, de conduire la répression armée des forces armées françaises dans ce qui était alors appelé la « Zone de pacification de la Sanaga Maritime  » en abrégé Zopac. Les auteurs affirment ainsi dans leur riche introduction que le bilan meurtrier de la Zopac est difficilement chiffrable. Mais qu’il s’agissait d’une guerre enfouie, silencieuse et qui a débouché sur toute une fiction, et des négociations officielles affabulatoires.

Importante documentation

Dans le chapitre premier, l’ouvrage s’arrête ainsi sur le « Kamerun », dans l’Empire français entre 1945-1955. En fait, on part de la proclamation par les gaullistes français de l’ « Indépendance » du Cameroun avec les « indigènes » qui sont sous la botte française. Les auteurs revisitent aussi l’histoire de la libération de la France de l’emprise nazie, qui plus tard débouchera sur les promesses de Brazzaville. Mais vont suivre alors les massacres face à la montée des revendications nationalistes. Auparavant, dans ce même chapitre, on peut avoir des détails sur l’ « Union française » ou la fin des illusions de Brazzaville (1946-1947), la naissance de l’Upc (1948), le piège de l’indépendance « eurafricaine », le haro décrété sur le l’Upc entre 1945 et 1948, et l’introuvable alternative à « l’Âme immortelle du peuple camerounais ». C’est ici qu’on peut comprendre avec beaucoup de détails descriptifs, les manœuvres d’un certain Louis Paul Aujoulat et de l’Eglise catholique du Cameroun du moment. « Député du Cameroun de 1945 à 1956, membre du gouvernement français presque sans discontinuer de 1945 à 1955, l’homme fort du Cameroun d’après-guerre n’en a pas franchement l’allure. Petit, enrobé et atteint d’un fort strabisme derrière ses grosses lunettes rondes, il ressemble davantage à un premier de la classe qu’à un vieux colon. Cette figure sulfureuse intrigue encore aujourd’hui les Camerounais, qui se renvoient parfois l’étiquette (infamante) d’ « aujoulaliste », synonyme de compromission avec le pouvoir » peut-on lire à la page 123.

Le chapitre II porte sur la répression de l’Upc entre 1955 et 1958. Le concepteur a pour nom Roland Pré. C’est ce personnage qui a lancé, face à la détermination des nationalistes de l’Upc unis tous derrière leurs dirigeants que sont, Félix-Roland Moumié, Ruben Um Nyobé et autres, la fameuse « contre subversion ». Là on découvre alors la cruauté des représentants officiels de la France au Cameroun, à travers les méthodes répressives des plus inhumaines, qui culmineront par l’interdiction de l’Upc en mai 1955. Et en termes de massacres, il y en a eu principalement en Zopac (pays bassa), mais aussi en pays bamiléké. Les auteurs nous apprennent que c’est surtout entre 1957 et 1958 que la répression aura été des plus cruelles en pays bamiléké. En fait, face à l’organisation sociale dont ils faisaient preuve, les colons français avaient fini par cultiver une haine morbide des bamilékés. Et le principal bourreau (ou boucher) des Bamilékés pendant cette période a pour nom Maurice Delauney. Parait-il, il s’agissait d’un affreux personnage. « Delauney qui a pris ses fonctions dans la région en juin 1956, connaît bien le Cameroun. On l’a déjà vu précédemment planifier le travail forcé en Sanaga en 1946, puis bourrer les urnes dans le Diamaré (Extrême Nord) au début des années 1950. C’est cependant en « pays bamiléké » de juin 1956 à décembre 1958, qu’il donne le « meilleur de lui-même. Il fait du combat contre les nationalistes une affaire personnelle. » Cet homme de confiance du haut commissaire Pierre Messmer est celui qui organise la déportation des chefs bamilékés, les massacres des maquisards à qui il fait couper les têtes et les expose à la place du marché. C’est lui qui organise la collaboration avec les hommes politiques indigènes pour réprimer les nationalistes. Ce sera le cas de Daniel Kemajou, cité dans ce live comme étant le plus grand « indic » et collaborateur récompensé par le colonisateur par un poste de président de l’Assemblée législative du Cameroun. Ou encore un certain Samuel Kamè qui fut adjoint de Maurice Delauney à Dschang. A la fin du processus, « la région bamiléké » a été dépeuplée à 50%. Les deux derniers chapitres traitent respectivement  de l’Indépendance acquise dans le sang, et dans la dictature Françafricaine.  On voit ainsi comment Ahmadou Ahidjo, prototype de l’antinationalisme, a hérité le pouvoir des colons à la place des nationalistes pour installer une dictature féroce et morbide. Tout cela se manifestant à travers les concepts de néocolonialisme contre subversif, la pacification pour le développement. On apprend beaucoup sur les polices sécrètes conduites par Jean Fochivé de triste mémoire. Tout comme on est informé sur l’affaire Mgr Ndongmo et le procès de la sainte-croix.

Au final, la richesse de l’ouvrage est sans limite. On pense notamment à l’importante documentation photographique. On y voit ainsi les visages des colons et de leurs collaborateurs camerounais. Il s’agit bien d’une mine précieuse que les Camerounais devraient lire pour avoir une idée de la mémoire des luttes de libération de leur pays.

Jacob Tatsitsa, coauteur de l’ouvrage.

Présent au Cameroun, le coauteur de cet impressionnant ouvrage a accepté de se confier au Messager.

« Ma famille a payé un lourd tribut à cette guerre de libération »

Comment est née l’idée de ce livre ?

L’ouvrage Kamerun ! Une guerre cachée aux origines de la Françafrique, que j’ai coécrit avec Thomas Deltombe et Manuel Domergue, publié par La Découverte , dont vous pouvez consulter la table de matière, les extraits …et faire vos remarques sur le site créé pour l’accompagner (www.kamerun-lesite.org), est le fruit d’un long processus. Je suis moi-même né d’une famille qui a payé un lourd tribut à cette guerre que nous décryptons. Le chef de ma famille, David Wagoum faisait partie des serviteurs du chef Etienne Djuatio, collaborateur renommé de l’administration coloniale française. Ces serviteurs furent utilisés comme bouclier humain pour parer à l’offensive généralisée, lancée par l’Armée de libération nationale du Kamerun (Alnk) contre les bases de l’armée française à l’Ouest-Cameroun, en décembre 1959. Pour ne pas entrer dans les détails que le lecteur découvrira dans le livre, ma curiosité est alertée dès l’enfance par les récits traumatisants des atrocités vécues par ma mère au cours de cette guerre d’indépendance, les Kalé-Kalé (rafles sauvages) des marchés périodiques, les barrages routiers de gendarmerie, le laissez-passer et les vrombissement des files de camions militaires qui se repliaient. Elevé dans ce contexte par cette veuve jusqu’à l’Université de Yaoundé, j’ai choisi comme sujet de Master au département d’histoire, « Upc, tensions sociales et guerre révolutionnaire dans la subdivision de Mbouda de 1950 à 1965 », dans le but de comprendre ce qui s’était passée. Au cours de la soutenance du mémoire, le Pr Thierno Moucktar Bah m’a fait savoir que j’avais mis la main dans un panier de crabes. Intérieurement, je n’étais pas satisfait parce que, peu avant la soutenance, j’avais eu la chance ou peut-être la malchance de découvrir un document planifiant le néocolonialisme au Cameroun dès 1950. Le cynisme dont les auteurs faisaient preuve m’incita à vérifier l’application de cette note. J’ai donc décidé en quelque sorte de « précéder » les organisateurs de Wikileaks et j’ai diffusé une copie de mon travail sur internet.

Parallèlement aux recherches que je poursuivais, je suis entré à l’Ecole normale supérieur de Yaoundé pour devenir enseignant d’histoire et de géographie. A la sortie, ma première affectation fut Tcholliré. Mes camarades de classe commençaient à se moquer de moi en me demandant ironiquement d’aller y vivre le même calvaire que les militants du parti nationaliste. Il convient de rappeler que la tristement célèbre prison de Tcholliré 2 dénommée « Centre de rééducation » accueillait les nationalistes camerounais qui y vivaient dans des conditions abominables. Dès mon arrivée, je n’ai pas hésité à rechercher et à trouver les rescapés de ce goulag tropical, notamment Latchikou. Son récit m’a poussé à inciter mes collègues de service à y organiser un voyage de découverte, notamment dans la cellule de Mgr Albert Ndongmo, arrêté en 1970. Au terme de la visite guidée de ce pénitencier, j’ai commencé à ressentir un malaise général qui m’a conduit au pavillon de psychiatrie à Yaoundé. Taraudée par la souffrance physique et psychique, j’ai demandé à mon psychiatre si  l’abandon de mes recherches me soulagerait : il m’a répondu par la négative.

C’est dans cette situation de détresse, en 2005, que mon neveu, Roland Tatsitsa Tsapi me fait savoir qu’un de ses amis journalistes, le Suisse, Frank Garbely souhaitait faire appel à mes services pour la production du documentaire intitulé « L’Assassinat de Félix Roland Moumié ». A la suite de la diffusion de ce documentaire, Thomas Deltombe et Manuel Domergue dont la curiosité avait été alertée par le film, les écrits de Mongo Béti et de François Xavier Verschave me contactèrent. Ils voulaient en savoir plus. C’est ainsi que naquit l’idée de ce livre.

Votre livre paraît extrêmement documenté, quelle méthodologie avez-vous adoptée ?

La méthode, c’est le regard croisé franco-camerounais couplé à un croisement des archives et des témoins, et un croisement du travail d’historien et de journaliste, visant à la fois la rigueur des informations et la lisibilité du style. En effet, l’exploitation des documents nous a permis de débusquer de nombreux témoins qui nous ont ensuite aiguillés vers d’autres pour les vérifications et les recoupements. Pour la première fois, en particulier, des administrateurs, militaires et responsables politiques français ont pris la parole. Certains documents, publics ou privés, ont été numérisés et les témoignages oraux de témoins parfois très âgés immortalisés par la vidéo. Voilà pourquoi nous mettons progressivement en ligne des extraits d’entretiens sur le site qui accompagne le livre.

A votre sens, quel est l’enjeu politique 50 ans après l’indépendance du Cameroun ?

L’enjeu politique 50 ans après c’est le devoir de mémoire et la vérité historique à mettre en débat, largement entre la France et le Cameroun, à mille lieux de l’aveuglement d’un François Fillon, capable à Yaoundé en 2009 de qualifier les événements de cette période de « pures inventions ». C’est également le principe de la non-ingérence de la France dans les affaires camerounaises. L’enjeu majeur enfin, c’est la véritable application des principes de la démocratie, notamment  l’organisation d’élections libres sous contrôle international pour que les Camerounais puissent se libérer de la gérontocratie issue de cette guerre d’indépendance.

Que souhaitez-vous que les Camerounais retiennent en lisant votre ouvrage ?

Je souhaite qu’en lisant cet ouvrage, que les camerounais sachent que les maquisards, contrairement à la propagande coloniale et néocoloniale distillée jusqu’aujourd’hui n’étaient pas des malfaiteurs, mais plutôt des patriotes contraints au sacrifice suprême pour l’unification et l’indépendance du Cameroun. Et que mes compatriotes sachent que le luxe insolent d’une classe fabriquée contre la volonté du peuple et corrompue, ainsi que la misère est un cocktail explosif comme en Tunisie.

 Pr Chindji Kouleu:   « A l’Ouest-Cameroun, le pays était véritablement en guerre »

Le Pr. Ferdinand Chindji Kouleu a été au maquis, pour l’indépendance du Cameroun. D’ailleurs, il accepte volontiers l’étiquette d’ancien maquisard. Ex-directeur de l’Ecole supérieure des sciences et technique de l’information et de la communication, Esstic, aujourd’hui à la retraite, il est l’auteur d’une trentaine d’ouvrages dont certains consacrés aux luttes nationalistes au Cameroun. Tel que « Histoire cachée du Cameroun », livre dans lequel il décrit la barbarie du colonisateur. Le Messager lui donne la parole ici pour lever un pan de voile sur les tenants et les aboutissants de cette nécessaire lutte de libération du joug colonial.

Quelle idée avez-vous des luttes nationalistes pour la liberté du Cameroun 50 ans après l’indépendance ?

Avant 1960, le Cameroun est l’un des rares pays africains où il y a eu une lutte acharnée pour une réelle indépendance. 50 ans après l’indépendance, on peut se demander si cette lutte nous a profité. Sommes-nous différents des autres pays africains qui ont obtenu leur indépendance sans lutte, grâce au général Charles De gaulle qui ne voulait pas être appelé colonialiste. Faut-il le rappeler, avant 1960, peu de pays africains voulaient entendre parler de l’indépendance. Même au Cameroun, où l’Upc menait une lutte acharnée pour la libération du Pays, au moins 90% de la population était opposée à l’idée de l’indépendance, car on estimait que les Noirs étaient incapables de se gouverner eux-mêmes. Rien d’étonnant. Tout récemment, le président français Sarkozy a demandé à la France d’Outre-mer si elle voulait être indépendante. L’idée a été repoussée par tous. Au départ, l’Upc voulait que la France fasse une distinction entre le Cameroun, pays sous tutelle des Nations Unies, et les colonies françaises, en fixant une date, même lointaine, de notre indépendance. L’entêtement de la France a poussé l’Upc à réclamer l’indépendance immédiate pour 1957. Tout le monde s’y opposait, mais l’indépendance du Ghana et de la Guinée est venue précipiter les choses. Sur ce plan, le Cameroun constitue une exception dans le monde entier, car le mouvement politique l’Upc, qui a réclamé l’indépendance, a perdu le pouvoir au profit des agents Français.

Quelle était la caractéristique du combat des nationalistes ?

Le combat des nationalistes camerounais pour la libération de notre pays, était très organisé. Les ordres venaient toujours du sommet. C’est vrai que vers la fin, il y a eu des débordements, mais c’était à cause de la barbarie des français qui massacraient sauvagement nos nationalistes.

Effectivement, il se dit que cette lutte s’est inscrite dans le sang .C’est à dire qu’il y’a eu des massacres .Peut-on avoir une idée de cette page de l’histoire du Cameroun ?

Même en Algérie où la lutte pour l’indépendance avait été féroce, il n’y a pas eu autant de massacres qu’au Cameroun. La brutalité de la France venait du fait qu’elle tenait à persuader ses colonies de ne pas suivre les nationalistes camerounais. Tous les combattants étaient considérés comme des communistes, donc à abattre. En fin de compte, les tueries se faisaient en désordre. A l’Ouest-Cameroun, le pays était véritablement en guerre. Des avions larguaient du napalm partout, sauf en ville. Je l’ai vécu en 1958, lorsque nous étions au maquis, à Bangam. Et dire que la population n’avait aucune défense.

Comment était organisé le pouvoir colonial face à la lutte des nationalistes ?

La France avait fait venir les soldats de toutes ses colonies pour combattre même les innocents. Tout était dirigé par des militaires français, anciens d’Algérie et d’Indochine. Dans chaque ville de la région bamiléké, il y avait des camps pour l’armée française. Quelques rares combattants arrêtés étaient envoyés en prison, où ils subissaient la torture à la roue. Certains grands regroupements, hébergeaient des camps de l’armée française. En dehors de Bandjoun, je ne connais pas un seul village bamiléké, aussi petit soit-il, qui n’a pas combattu.

 A combien peut-on estimer le nombre de Camerounais qui ont été massacrés et quelles sont les régions qui ont été les plus touchées ?

Comme je l’ai rapporté en annexe, dans l’histoire cachée du Cameroun, édition Saagraph 2008, il y a eu au moins deux millions de victimes de la guerre d’indépendance du Cameroun. Il s’agit notamment des victimes de la Sanaga maritime, et de la région bamiléké. Dans son livre sur les bamiléké, le colonel Lamberton affirme qu’il y a eu 400.000 bamilékés tués en deux ans par l’armée française : véritable génocide. Et dire qu’on ignorait totalement cette barbarie en métropole. Tout le monde me taxait de fieffé menteur. Lorsque je racontais ces évènements à Paris, ou à Marseille en 1960, personne ne me croyait.

 A votre avis, où se situaient les foyers de la contestation antifrançaise ?

Les grands foyers de la contestation anti française, se situait notamment dans la Sanaga maritime, avec Ruben Um Nyobé ; dans la région bamiléké, avec les Ouandié Ernest, Félix Moumié etc, sans oublier tout le Moungo, et la ville de Douala. Osendé Afana était installée vers la frontière du Congo et du Cameroun. A vrai dire, seul le Nord Cameroun, et l’Est Cameroun n’ont pas été vraiment touchés. Yaoundé a été bien protégé, mais malgré tout, il y avait des nationalistes. Hors des régions de l’Ouest, et de la Sanaga maritime, des villes comme Nkongsamba, regorgeaient des nationalistes.

Qui étaient les collaborateurs des colons en vue de maintenir le pays sous le joug colonial ?

Il faut d’abord savoir que peu de gens croyaient réellement à l’avènement de l’indépendance du Cameroun. Pour les colons, les Noirs n’étaient rien. Alexandre Ndoumbè Douala Manga Bell, avec sa triple nationalité allemande, française et camerounaise, allait tout le temps à l’Assemblée générale des nations unies, pour combattre les Upécistes, qui plaidaient pour l’indépendance des Camerounais, jusqu’en 1957, date de l’autonomie interne, avec André Marie Mbida, couronné le tout Premier ministre camerounais. Beaucoup de gens ne nous imaginaient pas indépendants. Beaucoup de gens prenaient les upécistes pour des rêveurs, voire des insensés, ou malades mentaux. Jusqu’ici, peu d’Africains, dans leur for intérieur, croient que les Noirs sont des hommes au même titre que les Blancs, alors que la biologie prouve aujourd’hui que ces albinos descendent de nous les Noirs. Voilà pourquoi les collaborateurs des colons se comptaient par milliers. Bref, tous ceux qui se disaient sages, voulaient maintenir notre cher et beau pays, sous le joug colonial.

Est-ce que à ce jour la libération du Cameroun de l’influence coloniale et occidentale est terminée ?

Qui peut oser aujourd’hui affirmer sincèrement que la libération du Cameroun de l’influence coloniale française est terminée ? Il en est de même de tous les autres pays africains, anciennes colonies françaises. Le Ghana de Kwamé Nkrumah est le vrai pays indépendant de l’Afrique d’aujourd’hui. Au comice agro-pastoral, comme à ses autres discours du jour de l’an, le président Paul Biya, a bien souligné le fait que : « nous consommons ce que nous ne produisons pas, et nous produisons ce que nous ne consommons pas. ». En clair, nous ne sommes pas encore vraiment indépendants. Jusqu’ici, nous comptons uniquement sur l’ancienne métropole. Jusqu’ici, on n’enseigne pas sérieusement les matières scientifiques, parce qu’on est convaincu que les Noirs ne peuvent rien faire en science. Il faut attendre tout de l’extérieur. Qui peut oser parler de l’industrialisation de notre pays, et surtout de la mécanisation de l’agriculture. En conclusion, tant qu’on continuera à croire que les Noirs ne sont que des singes sans queue, qu’on peut abattre comme des oiseaux, nous ne réussirons jamais. Voyez où en sont les Chinois qui étaient au même niveau de développement que les Africains. C’est un ancien maquisard qui parle. Merci et bonne année 2011.

Source: https://cameroonvoice.com/news/2011/01/28/l-histoire-secrete-du-genocide-camerounais-par-la-france/ 

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