Caché dans une partie scellée d'un ancien temple péruvien, les archéologues ont découvert un bouclier à plumes vieux de 1300 ans.
Fabriqué par le peuple Moche, l'artéfact rarissime a été trouvé
face contre terre sur une surface en pente qui avait été transformée en
un banc ou un autel sur le site de Pañamarca.
Situé à proximité de deux anciennes peintures murales, dont une
représente un monstre surnaturel, le bouclier mesure environ 25
centimètres de diamètre et est fait à base de vannerie soigneusement tressée avec
une poignée.
Sa surface est recouverte de tissus rouge et marron avec une douzaine de
plumes jaunes qui ont été cousues dessus. Elles semblent provenir d'un perroquet
ara.
[D'autres images concernant cette découverte]
Ce bouclier aurait plus servi à un rituel plutôt qu'à une utilisation
pratique. La mise en place du bouclier, sur le banc ou l'autel, semble
avoir été le dernier acte effectué avant que cet espace n'ait été fermé
et qu'un nouveau temple, plus grand, ait été construit au-dessus de
celui-ci.
La découverte de ce petit bouclier, combiné à la découverte d'autres petits boucliers Moche et de leurs représentations dans l'art, peut également faire la lumière sur le combat Moche.
Leurs boucliers ont pu être utilisés pour des représentations rituelles
ou des batailles rituelles semblables aux combats de gladiateurs,
d'après Lisa Trever, professeur à l'Université de Californie, Berkeley.
Trever et ses collègues, Jorge Gamboa, Ricardo Toribio et Flannery Surette, décrivent le bouclier dans la dernière édition du Ñawpa Pacha: Journal d'archéologie andine.
Les plumes d'ara.
Bien qu'il ne reste qu'une douzaine de plumes sur le bouclier, à l'époque il devait avoir une apparence différente: "Je suppose qu'à l'origine, il avait au moins une centaine de plumes cousues sur la surface" en deux ou plusieurs cercles concentriques, explique Trever.
Les Moche, qui vivaient sur les côtes désertiques et les
vallées irriguées de la côte Pacifique de la Cordillère des Andes, ont
probablement dû importer les plumes, car les aras résidaient sur la
côte est de la Cordillère des Andes, près de l'Amazone.
Quelle signification symbolique avait l'ara pour les Moche ? Cela reste un mystère.
"Nous savons que les Moche utilisaient de nombreuses métaphores animales dans leur art et leur culture visuelle", ajoute Trever, "l'ara
avait peut-être une signification symbolique particulière; mais comme
les Moche n'ont pas laissé de traces écrites, nous ne savons pas
exactement ce qu'il en est."
Les anciennes peintures murales.
Le bouclier a été trouvé près de deux anciennes peintures murales, dont l'une représentait un "Monster Strombus", une bête surnaturelle avec des caractéristiques d'escargot et de félin, et l'autre une créature ressemblant à un iguane.
Les chercheurs notent dans leur rapport que le monstre est souvent représenté dans l'art Moche aux prises avec un personnage humanoïde à crocs appelé "Visage ridé" par certains spécialistes.
L'iguane, quant à lui, est souvent représenté entrain d'accompagner le "Visage ridé" lors de ses voyages.
Bien que la représentation d'un visage ridé n'a pas encore été trouvé
dans la zone scellée où le bouclier se trouvait, il peut encore être
découvert dans de prochaines fouilles.
"La relation exacte entre le dépôt du bouclier et la narration picturale adjacent reste une question ouverte", selon Trever.
Des combats de gladiateurs chez les Moche ?
Alors que le bouclier qui vient d'être mis au jour est à usage rituel et
non pour le combat, les chercheurs notent qu'un autre petit bouclier
Moche, trouvé sur le site de Huaca de la Luna, a probablement été conçu pour le combat. Il était fait de cuir et de rotin tressé, mais ne mesurait que 43 cm de diamètre.
En outre, les représentations des boucliers Moche dans l'art céramique montrent des gens portant des petites boucliers circulaires ou carrés sur leur avant-bras.
Cela "ressemble plus à un petit bouclier qui est utilisé pour
protéger l'avant-bras et qui peut être tenu devant le visage en combat
au corps-à-corps avec des bâtons", explique Trever, "ils
n'avaient apparemment pas besoin, ou n'utilisaient pas, de grands
boucliers pour se protéger contre des volées de flèches ou des lances"
Jeffrey Quilter, directeur du Musée Peabody d'archéologie et
d'ethnologie de l'Université Harvard, a proposé une autre idée sur la
petite taille des boucliers Moche. Il pense qu'ils utilisaient un bâton à deux mains qui leur donnait une grande portée et pouvait porter un coup mortel: "la
puissance de ces armes pouvait être assez grande pour rendre des
boucliers inutiles, ce qui expliquerait leur taille réduite au fil du
temps, servant plutôt comme protection des bras ou pour éviter
d'éventuels jets de pierre ou de fléchettes".
Il note que les Moche ne semblent pas avoir utilisé des armes à longue portée dans les combats comme des frondes ou des fléchettes.
Peu importe pourquoi les Moche préféraient de petits boucliers, leur représentation répétée indique qu'ils remplissaient parfaitement leur fonction.
Ils "semblent utiliser de très petits boucliers par rapport à ceux
que nous connaissons dans d'autres parties du monde, mais ils semblaient
adéquat pour le style de combat qu'ils effectuaient," conclu Trever.
Source:
Commentaires