Dans un discours très attendu à la tribune de
l'ONU, le président iranien Hassan Rohani a assuré mardi 24 septembre
que son pays ne représentait "absolument pas une menace pour le monde ou pour sa région". Il a appelé Barack Obama à ignorer les va-t-en-guerre et à privilégier la négociation.
le président Iranien, Hassan Rohani s'exprimait devant l'assemblée générale annuelle de l'ONU mardi 24 septembre 2013
L'Iran est déterminé à agir de "de manière responsable concernant la sécurité régionale et internationale",
a-t-il déclaré devant l'assemblée générale de l'ONU, quelques heures
après l'intervention du président américain Barack Obama. "Nous défendons la paix basée sur la démocratie et le bulletin de vote partout dans le monde, y compris en Syrie et au Bahreïn et dans d'autres pays de la région", a-t-il poursuivi. "Il n'y a pas de solutions violentes aux crises du monde".
Auparavant Barack Obama avait déclaré que "la voie diplomatique mérite d'être essayée avec l'Iran", tout en appelant son homologue iranien à traduire ses paroles en actes, notamment au sujet de son programme nucléaire.
Malgré leurs volontés affichées de donner une chance à la diplomatie,
la rencontre attendue entre les présidents américain et iranien n'a pas
eu lieu, preuve de la méfiance tenace qui demeure. Un rendez-vous manqué que M. Rohani a expliqué par un manque de temps. Il a cependant souligné que la glace commençait "à se rompre" entre Washington et Téhéran "parce que l'environnement change en raison de la volonté du peuple iranien d'instaurer de nouvelles relations".
Voir notre portfolio : "Trente ans de tensions entre Washington et Téhéran"
PRÊT À DES DISCUSSIONS SUR LE NUCLÉAIRE
Concernant la question nucléaire, Hassan Rohani a affirmé que l'Iran n'avait pas besoin de l'arme nucléaire pour assurer sa sécurité. Il a également déclaré être prêt à entamer
immédiatement des discussions fondées sur un calendrier précis pour
régler avec les grandes puissances le dossier du nucléaire iranien. Le
président iranien avait déjà juré qu'il ne cherchait pas à acquérir la bombe, tout en affirmant que Téhéran avait droit au nucléaire civil.
Dénonçant avec virulence les sanctions internationales qui frappent son pays, il a dit espérer que le gouvernement du président américain Barack Obama aura la volonté politique de résister "à la pression des groupes bellicistes".
CRITIQUE ENVERS L'USAGE DES DRONES
En parallèle de ces signes d'ouverture envers la puissance
américaine, M. Rohani s'est montré critique envers la stratégie
antiterroriste américaine. Si M. Rohani a condamné le terrorisme,
qualifié de "fléau violent", il a ajouté que "l'utilisation de drones contre des innocents au nom de la lutte contre le terrorisme devrait aussi être condamnée".
Allié du régime syrien, M. Rohani a également affirmée que la plus
grande menace pesant sur le Moyen-Orient est que les armes chimiques
tombent entre les mains de groupes terroristes, reprenant la rhétorique
du régime syrien.
Lire : "Le tabou des relations irano-américaines sera-t-il enfin brisé à l'ONU ?"
RECONNAISSANCE DE L'HOLOCAUSTE
Par ailleurs, la journaliste de la chaîne américaine CNN Christiane Amanpour a révélé sur son compte Twitter que le président iranien lui avait dit "qu'il
acceptait l'Holocauste. Il s'est agi d'un grand crime des nazis contre
les Juifs. [Il] le condamne comme tous les génocides".
Christiane Amanpour ✔
@camanpour
President @HassanRouhani tells me he accepts the Holocaust - was a great crime against Jews by the Nazis. Condemns that and all genocides.
Cette prise de position tranche avec celle que défendait son
prédécesseur Mahmoud Ahmadinejad qui avait qualifié le meurtre de
millions de Juifs par le régime nazi de "tromperie".
"Cela ne veut pas dire que puisque les nazis ont commis des crimes contre un groupe, ce groupe doit confisquer la terre d'un autre groupe et l'occuper", a ajouté M. Rohani. "Cela aussi est un acte qui devrait être condamné."
UN DISCOURS DE DUPES, POUR ISRAËL
Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a qualifié cette intervention de "cynique" et "d'hypocrite". Ce discours "traduit exactement la stratégie iranienne qui consiste à parler et à gagner du temps pour faire progresser ses capacités à se doter d'armes nucléaires".
Rohani "s'est vanté il y a une décennie d'avoir
trompé l'Occident de telle sorte que pendant que l'Iran menait des
discussions, ce pays avançait simultanément son programme nucléaire. La
communauté internationale doit tester l'Iran non pas sur ses paroles mais sur ses actions", a conclu le premier ministre, qui s'adressera mardi prochain à l'Assemblée générale.
Yuval Steinitz, chef de la délégation israélienne qui a boycotté le
discours du président iranien, a préconisé d'accroître la pression sur
l'Iran : "Plus la pression économique et militaire augmente sur l'Iran, plus la diplomatie a des chances de succès".
Source : lemonde
posté par Salem Magazine.
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