posté le 10-10-2013 à 18:54:05

Deux autres journalistes français otages en Syrie : Ayrault a-t-il parlé trop vite ?

Nicolas Hénin, reporter, et Pierre Torrès, photographe, sont retenus en otages depuis juin, a révélé le Premier ministre. Un proche de Nicolas Hénin affirme que l'annonce ne devait intervenir que samedi.

 

Montage photo des portraits de Nicolas Hénin et Pierre Torres, enlevés fin juin en Syrie.

 

Deux journalistes français, Nicolas Hénin, reporter, et Pierre Torrès, photographe, ont été enlevés en juin en Syrie, ont annoncé mercredi leurs familles et le ministère français des Affaires étrangères, qui avaient gardé jusqu’à présent secrète leur détention.

«Nicolas Hénin, journaliste reporter, et Pierre Torrès, reporter photographe de presse, sont détenus en Syrie», a indiqué le Quai d’Orsay, qui précise qu’ils ont été enlevés le 22 juin. Au total, ce sont désormais officiellement quatre journalistes français qui sont retenus en otages en Syrie depuis juin, avec Didier François et Edouard Elias, enlevés le 6 juin.

«Pour respecter la volonté des familles,l’annonce de leur enlèvement avait été différée jusqu’à présent et maintenue confidentielle jusqu’à ce jour», a précisé le ministère. «Nous savons seulement que Nicolas et Pierre sont en vie», ont indiqué dans un autre communiqué, diffusé simultanément, les familles et les proches des deux journalistes, qui ont fait état d'«une preuve de vie» qui leur a été communiquée par les autorités françaises en août.

«Rien n’a été indiqué de leur lieu et conditions de détention», ont ajouté ces familles et ces proches. Selon eux, les deux journalistes ont été enlevés dans la ville de Raqqa, dans le nord de la Syrie où «divers groupes armés se disputent le contrôle» de la localité. Mais «il n’y a pas de revendication connue à ce jour», précisent-ils.

«Au moment de leur enlèvement, le 22 juin dernier, Nicolas Hénin préparait un reportage pour l’hebdomadaire le Point et la chaîne de télévision Arte, et Pierre Torres devait couvrir les élections organisées par la municipalité de Raqqa», a ajouté le Quai d’Orsay.

Nicolas Hénin, 37 ans, qui effectuait son cinquième séjour en Syrie depuis le début du conflit en mars 2011, est le responsable du bureau de l’agence de presse de télévision Solas Films en Afrique et au Moyen-Orient depuis sept ans, selon ses proches. Il couvre cette région comme correspondant d’Arte et collabore régulièrement au Point et, plus occasionnellement, à Radio France et à diverses radio-télévisions francophones, RTBF, RTS et Radio Canada.

«Pierre Torres, 29 ans, est un photographe qui a couvert la révolution libyenne. C’était son second séjour en Syrie. Il a vendu certaines de ses images à l’AFP» (en 2012), ajoute le communiqué des familles.

«Comme pour Didier François et Edouard Elias, enlevés le 6 juin dernier, tous les moyens de l’Etat sont mobilisés pour parvenir à leur libération», a souligné le Quai d’Orsay. «Les familles sont tenues informées par le Centre de crise du ministère des Affaires étrangères de l’évolution des démarches entreprises», a-t-il ajouté.

Une erreur d'Ayrault ?

Un proche de Nicolas Hénin a par ailleurs dénoncé une «boulette» de Jean-Marc Ayrault, qui a annoncé sur Europe 1 cette détention jusqu’ici gardée secrète. Interrogé mercredi matin sur d’éventuelles preuves de vie des journalistes Didier François, grand reporter à Europe 1, et Edouard Elias, photographe indépendant missionné par cette chaîne, Ayrault a répondu en évoquant Nicolas Hénin et Pierre Torrès, dont la détention depuis le 22 juin était gardée secrète.

«J’ai été stupéfait qu’Ayrault sorte l’information avant le moment prévu par les familles qui avaient décidé, en concertation avec les autorités en charge de ce dossier, de rendre l’information publique samedi à l’occasion de la remise du prix Bayeux» des reporters de guerre, a réagi Eric de Lavarène, administrateur de l’agence de production Solasfilms, dont Nicolas Hénin fait partie.

«Quand la famille a décidé de rendre cela public, elle s’est demandé comment, si cela n’allait pas gêner les recherches et le travail des autorités», a-t-il précisé à l’AFP. Selon lui, «il n’était pas question de rendre cela public sans leur en parler ni avoir leur aval». «La stratégie de communication n’est pas facile, c’était en cours de préparation avec le père de Nicolas Hénin», a-t-il expliqué. «C’est une boulette, il y a un réel manque de tact», a fustigé Eric de Lavarène.

L’entourage du Premier ministre a de son côté expliqué à l’AFP qu’il n’y avait eu aucune maladresse. «Il était prévu que les noms soient connus dans la semaine», a dit un conseiller du chef du gouvernement.

François Hollande a de son côté réaffirmé en Conseil des ministres que le gouvernement faisait «tout son possible» pour obtenir la libération des otages français détenus notamment en Syrie, a indiqué mercredi la porte-parole du gouvernement Najat Vallaud-Belkacem. «Le président a rappelé combien nous étions dans un dialogue quotidien avec les familles et surtout combien nous faisions tout ce qui est en notre possible pour obtenir leur libération», a-t-elle précisé lors de son compte-rendu hebdomadaire du Conseil des ministres.

«Nous partageons évidemment l’inquiétude, l’angoisse des familles, des collègues des otages, en particulier des journalistes retenus en Syrie», a encore souligné Najat Vallaud-Belkacem. En substance, a-t-elle ajouté, le chef de l’Etat a rappelé qu’il fallait «prévenir - mais le ministre des Affaires étrangères (Laurent Fabius) le fait déjà - nos compatriotes susceptibles d’être confrontés à des dangers de ce type partout dans le monde d’éviter de s’exposer».

               

      Source : liberation

                                                    posté par Salem Magazine.

 

 

 

 

 


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